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Sur les pas de Philéas Fogg

Par Jérôme Staub - Dernière modification 12/02/2012 21:24

 

philleas

Introduction

L’iPad est un outil tout à fait approprié pour enseigner la géographie. Grace à l’écran tactile multi-point, les objets géographiques deviennent sensibles car manipulables de manière multi-sensorielle. De ce point de vue, les globes numériques en sont une parfaite illustration.
Je vous propose dans le cadre de cet article de faire voyager vos élèves à moindres frais. Tout en les invitant à redécouvrir un des grands classiques de la littérature : le tour du monde en quatre-vingt jours de Jules Verne. Ce qui nous permettra au passage de mettre en évidence les mutations pédagogiques qu’implique l’outil.
On peut facilement considérer que ce scénario sera d'autant plus présent si trois collègues participent au voyage : celui d'histoire / géographie, celui de lettres et enfin celui de mathématiques. Mais avec un peu d'enthousiasme, il serait judicieux d'inviter à participer, et le collègue d'arts plastiques, et celui de musique. Quant au thème du voyage, et l'œuvre de Jules Verne, ils me semblent assez porteurs géographiquement parlant.
Revenons donc à notre périple.
Dans un premier temps, les élèves doivent se procurer le livre. Pour ce faire, nous utiliserons iBooks et son store intégré. L'œuvre est disponible via le projet Gutenberg. Ce qui signifie gratuitement. Par ailleurs, sur le site ebooksgratuits.com, il est possible de télécharger via Safari une version joliment illustrée.
Pour la lecture, il n'y pas de mystère... Même si la fonction Voice Over de l'iPad peut rendre la lecture plus aisée encore (c'est surtout un moyen idéal pour ne pas exclure les élèves souffrant de déficience visuelle). 

Déroulement

Notre scénario consistera à suivre les pas des héros Philéas Fogg et Jean Passe-partout en plaçant sur un planisphère les différentes étapes de leur voyage. Voici ce que je vous propose maintenant que les élèves ont le livre en leur possession.
Il convient tout d'abord de télécharger sur internet un planisphère où figurent les méridiens et parallèles. Rien de plus simple. En utilisant Safari, vous pouvez vous rendre à cette adresse.
Le planisphère sera enregistré dans la photothèque.
Ensuite, ce sont les étapes du voyage qu'il faut lister. En n'oubliant pas de noter les dates. C'est important pour expliquer la ruse utilisée par Philéas Fogg pour tenir son challenge!
Étape suivante : trouver les coordonnées géographiques de chacune des étapes. Wikipédia conviendra parfaitement en utilisation avec Safari ou avec une application dédiée telle qu'Articles.
Enfin, je vous propose d'utiliser Pages pour réaliser la carte finale. En créant un nouveau document, et en important le planisphère enregistré précédemment, chaque élève pourra replacer les différentes étapes au moyen d'un cercle coloré (en tapotant sur l'icône Bibliothèque multimédia puis sur figures). Ces cercles pourront être numérotés pour un renvoi en page où figurerait un tableau récapitulatif des escales. Bien évidement, on prendra soin de faire figurer une légende et un titre, comme tout bon géographe.
Pages n’est pas à proprement parlé un outil dédié à la géographie. Mais ses outils de dessin vectoriel sont très bien conçus pour réaliser schémas, cartes heuristiques ou croquis.

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Exemple de production réalisée sur l’iPad avec Pages

Ce travail permet donc à la fois d'étudier l'œuvre en cours de français ; les bases de la cartographie en géographie ; les parallèles et les angles droits en mathématiques (en fonction du niveau concerné, il y a moyen aussi de réfléchir sur les projections). En arts, il sera aisé d'évoquer le traitement de l'œuvre par les peintres, photographes, réalisateurs de cinéma ainsi que par les musiciens. En somme, la géographie devient via l’iPad le point cardinal d’un projet trans-disciplinaire.

Retour d'expérience

Venons-en maintenant aux élèves et à leur rapport à l’outil.
Si l’outil ne détermine pas, il implique. La tablette, parce que tactile, rend l’objet d’étude et direct et sensoriel. Alors que l’ordinateur multiplie les médias (au sens étymologique), la tablette n’a besoin que des doigts. Point de périphérique de pointage. Point de menus à dérouler et à déchiffrer. Comme le boulanger pétrissant sa pâte à mains nues, c’est dans un rapport direct que l’élève manipule le savoir.
Dans le cadre de mes cours, l’iPad est utilisé à trois échelles. A l’échelle de la classe, un seul élève manipulant devant la classe. A l’échelle du groupe (ma salle est organisée en sept groupes de quatre élèves) où le partage de l’outil se fait en équipe. Enfin, à l’échelle individuelle, l’élève utilisant l’iPad pour un usage personnel. Et bien entendu, dans un rythme à trois temps que l’outil est utilisé dans le cadre d’une pédagogie collaborative.
Alors que l’ordinateur oppose son écran entre l’enseignant et les élèves, ou entre les élèves eux-mêmes, la tablette se pose en outil de partage. Plusieurs élèves peuvent consulter et manipuler, en même temps, l’outil tout en diffusant le processus via AirPlay  sur le vidéoprojecteur. Ainsi, l’outil favorise clairement les interactions, sans requérir à des services web. La tablette est souvent présentée comme un outil intime. C’est incontestable. Mais mis dans un contexte pédagogique, c’est aussi un formidable outil collaboratif invitant à l’échange.
De ce point de vue, autant en géographie qu’en histoire, mais aussi dans les autres disciplines, la tablette - et notamment l’iPad - est un outil qui peut contribuer aux efforts des enseignants pour renouveler leurs approches pédagogiques afin de rompre avec le modèle du cours magistral.


Auteur: Ghislain Dominé, professeur d’histoire & de géographie. Cité scolaire E. Zola (Wattrelos, 59)


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