Géomatique et applications portables
Retour à la lettre d'information géomatique n°2
Une application portable est un logiciel qui ne demande aucune installation sur un système d'exploitation, aucun module externe pour fonctionner et surtout qui ne modifie pas le système. C'est donc une application totalement autonome qui peut être stockée et lancée depuis n'importe quel support ; le plus utilisé étant les clés USB, mais cela fonctionne également sur une carte mémoire, un disque dur externe (quelle que soit sa connectique : USB, FireWire, Esata...). L'ensemble des logiciels proposés sont gratuits et généralement libres. De plus amples informations sur les applications portables sont disponibles sur Wikipédia.
Cependant, ces applications portables sont avant tout destiné à un environnement Windows, le plus connu et utilisé. Il est également possible d'opter pour une distribution Linux, disponible depuis un support externe (CD-ROM, clé USB, disque dur...)
En quoi ces logiciels portables ont-ils de l'intérêt pour la géomatique et ses utilisations diverses ?
Sur la veille géomatique, des solutions portables et des distributions autonomes ont été brièvement présentées : http://eductice.inrp.fr/EducTice/projets/geomatique/veille/sig/Logiciels-SIG/index.htm
L'objectif ici est de présenter les différentes solutions disponibles, les intérêts et les limites du développement de telles solutions aussi bien dans une optique éducative que de recherches.
Les solutions disponibles : l'intégration des solutions SIG
Plusieurs solutions sont déjà disponibles : l'une correspond à une suite logiciel portable utilisable sous Windows : PortableGIS. Trois austres possibilités correspondent à des distributions Linux porposées en image ISO ou directement conçues pour des solutions de stockage externe.
1. Portable GIS
Cette distribution de logiciels libres est disponible à cette adresse: http://downloads.thehumanjourney.net/portablegis_setup_v2.exe
il s'agit de la version 2. On y retrouve les logiciels suivants : Quantum GIS avec l'intégration de GRASS, uDIG et gvSIG; un serveur portable XampLite avec Apache2, MySQL5 et Php; Des solutions pour le web avec Geoserver, Mapserver, OpenLayers, Tilecache, Featureserver ; et enfin PostgreSQL (version 8.4)/Postgis (version 1.4). Cet ensemble de logiciels, en anglais, est destiné exclusivement au travail de SIG et de distribution vers le Web. Ces logiciels sont accessibles par un menu d'applications simple ; la partie serveur étant proposée dès l'ouverture du système. Une clé de 2 Go est nécessaire pour utiliser Portable GIS.
2. SlaxGIS
C'est une distribution Linux particulière puisqu'elle fonctionne par paquets directement à copier sur une clé USB. On trouve cette distribution à cette adresse : http://geomatica.como.polimi.it/software/slaxGIS/index.php. Il s'agit pratiquement des mêmes utilitaires : Grass-6.4.svn_2009_10_31, MapServer 5.4.2, OpenLayers 2.8, uDig 1.1.1 ,OpenJUMP PIROL 1.2, FPostgreSQL 8.4.0 et PostGIS 1.3.6. Un serveur Apache, MySQL et PHP est aussi intégré. Une clé USB de 1 Go est suffisante pour faire fonctionner cet ensemble.
3. Arramagong : un live DVD basé sur la ditribution Linux Ubuntu
Cette distribution Linux est de loin la plus complète, l'espace alloué étant aussi le plus important : 4.7Go, un DVD à graver. On y retrouve un très grand nombre de logiciels de SIG ou autour des SIG avec le même principe que pour les solutions présentées précédemment. On peut télécharger l'image ISO à graver à cette adresse : http://www.arramagong.com/Arramagong/downloads.html. Le contenu de l'image est disponible ici : http://www.arramagong.com/Arramagong/contents.html
Comment cela fonctionne-t-il ?
Dans le cas de portableGIS, une fois le fichier installé sur la clé USB, il suffit de connecter cette dernière à un système Windows puis deux éléments apparaissent successivement : un premier lanceur consacré à la configuration du serveur portable Xampplite, un second qui permet de lancer les applications directement depuis la clé.
Pour les distribution Linux, il faut rendre la clé USB bootable avec slaxGIS et faire en sorte que l'ordinateur puisse démarrer depuis la clé.
Pour l'image ISO, il suffit de la graver, de l'insérer dans le lecteur dvd et de redémarrer l'ordinateur. En général, il démarre sur le DVD. Si ce n'est pas le cas, il faut vérifier que le système démarre bien depuis le lecteur dvd (options du bios).
Intérêts et limites de ce type d'utilisation
Le principal intérêt de ce genre de distribution est son caractère nomade : il est possible de passer d'ordinateur en ordinateur en conservant ses propres données, sans interférer sur les différents PC utilisés. C'est donc un outil de travail intéressant dans la mesure où il permet de transporter son propre bureau, applications et documents, n'importe où.
Avec la présence d'un serveur portable (apache, mysql, php), les possibilités sont accrues : des pages web passent de test en test, idem pour les environnements de distribution de contenu (type SPIP, Joomla), ou n'importe quelle plate-forme web (test d'un nouveau plug-in, l'insertion d'un nouveau script...). Dans le cadre du webmapping, il permet de créer des pages, des instances, les tester dans son serveur local et portable avant de transférer et les publier sur un serveur distant (chose que peut aussi assurer la distribution portable via un logiciel de FTP du type FileZilla). Il en va de même pour l'intégration d'API diverses de cartographie (API Google Maps, plug-in Google earth...), leurs mises à jour...
Sous Windows, elles offrent la possibilité de tester des applications sans passer par leur installation, sans se soucier des problèmes trop réguliers liés à l'installation/désintallation de logiciels et des traces qu'elles peuvent laisser.
Ainsi , elles ne modifient pas la configuration de l'ordinateur utilisé. De ce point de vue, il est envisageable de copier/coller l'ensemble des logiciels portables sur son propre ordinateur et de les utiliser ainsi comme une application "classique", sans se soucier de l'extension de la base de registre de Windows.
La limite la plus importante à ce dispositif est la taille et le type de matériel de stockage utilisé : les clés USB ne sont pas des foudres de vitesse en lecture/écriture, comparés à des disques durs installés. De plus, même si leur taille ne cesse d'augmenter, alors que leurs prix diminuent, 8Go, 16Go voire 32 Go restent des espaces limités, lorsque l'on souhaite embarquer un serveur local et portable important. II faut se tourner vers des solutions de stockage plus rapide, offrant un espace plus conséquent... au détriment de l'encombrement.
Construire ses propres distributions ?
A côté des solutions très orientées SIG et webmapping, il existe un ensemble très important de logiciels portables développé autour de packs, offrant un lanceur d'applications, permettant d'insérer de nouveaux logiciels, de mettre à jour ceux déjà installer... Deux sites principaux et complémentaires proposent de telles offres dans le domaine du libre : Portable apps et Framakey (voir sitographie)
Ils donnent également des indications sur la façon de rendre portable une application, de créer sa propre distribution de logiciels.
Comme cela a été noté précédemment, les solutions présentées dans le second paragraphe regroupent des outils quasi-exclusivement dédiés à la mise en oeuvre de SIG et webmapping. Ils ne permettent pas d'ouvrir vers des applications de cartographie, d'outils 3D... Il est alors intéressant de construire sa propre distribution d'applications portables.
1. Le système d'exploitation
La première étape consiste à choisir le système d'exploitation que l'on souhaite utiliser : Windows ou Linux ? Et pourquoi pas les deux ? C'est ce que la Framakey a développé dans son projet framakey Ubuntu Remix. A la racine de la clé, les fichiers Linux (lisibles sous fat32) se mêlent à ceux dédiés à Windows. Si l'utilisateur souhaite utiliser la distribution linux, il suffit qu'il configure son ordinateur pour qu'il démarre depuis la clé. S'il souhaite profiter des logiciels sous Windows, il démarre normalement et insère sa clé qui démarre avec le lanceur d'applications.
2. Le lanceur d'applications
Partant sur ce principe, la seconde étape consiste à travailler l'élément central sous Windows, à savoir le lanceur d'application. Qu'est-ce qu'un lanceur d'applications ? C'est une sorte de menu "démarrer" qui apparaît après l'insertion de la clé et qui présente les différents logiciels accessibles depuis celle-ci. Les différents sites ont développé plusieurs lanceurs. La framakey en propose deux : le framakiosk qui, sous forme d'une page web, présente les différents logiciels, le framalauncher qui vient se loger en bas à droite de la barre de démarrage de Windows. Portable Apps offre un lanceur qui apparaît en bas à droite avec une ergonomie plus constituée, séparant notamment les applications, des dossiers de documents. enfin, parmi les solutions libres, ASuite, projet de Matteo Salvi, s'apparente au menu de portable apps, en offrant un choix plus large de personnalisation. C'est ce dernier que nous allons présenter dans le quatrième paragraphe.
3. Le choix des applications
Le lanceur choisi, il s'agit de lui adjoindre des applications portables. De nombreux sites (voir sitographie) sont dédiés à ce type d'applications. Trois catégories de logiciels entrent dans un projet de distribution portable : les logiciels génériques, les logiciels tournées vers l'utilisation des SIG et du webmapping, les logiciels ouvrant vers d'autres champs utiles (3D, images panoramiques...).
Il paraît important de faire une place à des logiciels essentiels, qui sans être dédiés à la géomatique, sont utiles dans de nombreuses situations :
- un ensemble bureautique : OpenOffice.org est portable et peut être associé à un vaste ensemble de cartes et d'outils pour l'histoire-géographie avec OOO.Hg (récemment mis à jour), un bloc-notes avancé (gérant des éléments de programmation comme Notepad++), un lecteur et un outil de manipulation de fichiers PDF, un agenda, un logiciel de cartes heuristiques...
- un ensemble multimédia : un lecteur de fichiers multimédia (VLC), un éditeur vidéo (Avidemux), capture d'écran au format images (pikpic) et vidéo (Camstudio)
- graphisme : gestions et retouches photographiques (the Gimp), logiciel de dessin vectoriel (Inskcape), création 3D (Blender)...
- Internet : un naviogateur (Firefox), un client FTP (FileZilla), un gestionnaire de courriel (Thunderbird), un éditeur visuel de pages web (Kompozer)
- utilitaires : quelques éléments de sécurité (antivirus, outils de désinfection pour supports amovibles), un logiciels d'extraction d'archives (7Zip), un presse-papiers adapté (Ditto)
- langage informatique libre : Python (?)
Dans ces choix d'outils génériques, il est possible de configurer les modules complémentaires de plusieurs applications: Firefox, Thunderbird et OpenOffice.org notamment.
Le second groupe d'utilitaires renvoient aux SIG et au Webmapping. le coeur du sytème reste la présence d'un serveur local et portable (que ce soit Xamplite ou ZazouMiniWebserveur, des outils plus spécifiques permettent de gérer des bases mySQL...). Autour de ce dernier, gravitent les logiciels SIG que l'on a déjà présentés dans les solutions existantes.
A ces deux thématiques importantes, que peut-on adjoindre comme logiciels ? La veille propose de nombreuses pistes, du côté des SIG tournés avec le monde éducatif ou des outils de cartographies... Comment rendre portable un logiciel ? deux méthodes principales: utiliser un logiciel comme UniversalExtraxtor, qui va supprimer les éléments d'installation, ou plus simplement installer le logiciel normalement, repérer le répertoire d'installation, le copier/coller, à un autre endroit, désinstaller l'application. (attention, cependant à vérifier si le logiciel laisse des traces dans la base de registre).
Autre point important est la développement de nombreux outils en java. Si de nombreux ordinateurs exécute Java, il suffit qu'il soit absent pour que l'application ne fonctionne pas. Portable apps a développé une version portable qui soulage et permet la présence de nombreux logiciels.
Enfin, comment accéder à des applications en ligne (SIG , Webmamping, google Maps...) ? Le lanceur Asuite permet cela dans la configuration des applications.
4. Configurer le lanceur Asuite
Outre le choix de l'habillage, le lanceur Asuite est entièrement configurable. Une fois les logiciels choisis installés sur la clé, il faut indiquer au lanceur où se trouvent les fichiers d'exécution des logiciels. Les options de création de menus sont nombreuses ; elles se scindent en deux groupes : d'un côté les logiciels, de l'autre les répertoires où sont conservés les fichiers et les données (les noms des répertoires et leurs chemins d'accès sont modifiables à souhait, il est possible d'afficher jusqu'à sept répertoires de données). Pour créer le menu de logiciels, il suffit d'insérer un groupe de logiciels avec un icône paramétrable (onglet édition); puis dans le groupe défini, insérer un logiciel. il est demandé le chemin de l'exécutable du logiciel choisi, il suffit de lui indiquer celui depuis le support amovible le contenant. Il est aussi possible d'entrer une variable, généralement un fichier à ouvrir avec le logiciel. C'est dans ce cadre que l'on peut accéder directement à des services en ligne. En effet, il faut indiquer comme logiciel à proposer le navigateur internet (comme Firefox) et dans la variable l'adresse du site à consulter (pour Google Maps : http://maps.google.fr/). il en va de même, si l'on souhaite travailler longtemps sur un fichier ou un projet (par exemple avec Google earth, indiquer un fichier KMZ...). D'autres options proposent de lancer le logiciel au démarrage de la clé (c'est particulièrement utile pour le serveur Apache, MySql et PHP, mais aussi l'environnement Java).
A ce stade, la solution portable est achevée ; il est toujours possible d'ajouter des fonctions, des logiciels, des configurations autres, modifier l'habillage du lanceur...
Sitographie
Sites proposant des packs et/ou des applications portables (la liste est loin d'être exhaustive ! )
http://framakey.org/
http://portableapps.com/
http://www.portablefreeware.com/
Articles et initiatives dans le domaine pédagogique
Le Labo pratique n°10 des Clionautes (recensement de nombreuses initiatives et sites à consulter) : http://www.clionautes.fr/revue/2009_3/Le_Labo_10_cleusb.pdf
Deux exemples :
- Educlé prof et élèves dans le département de l'Aisne : http://www.poucet.net/web/EduCle-College-Eleve-v3-7.html
- les classes TICE, où les clés USB sont un des éléments du dispositif : http://classestice.ning.com/
Jérôme Staub