Google earth et enseignement de l'histoire des arts
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Les récentes réformes des programmes dans le secondaire (aussi bien en collège qu'en lycée) mettent l'accent sur l'enseignement de l'histoire des arts. Pour rappel, celui-ci s'appuie sur trois grand piliers: "les périodes historiques", les six "domaines artistiques" et les "listes de thématiques". Le champ d'apprentissage intègre donc six grands domaines artistiques : les arts de l'espace (architecture, urbanisme, arts des jardins, paysage aménagé...), les arts du langage (littérature écrite et orale, inscriptions épigraphiques, calligraphies, typographies...), les arts du quotidien (arts appliqués, design, métiers d'art, arts populaires...), les arts du son (musique vocale, musique instrumentale, musique de films et bruitage, technologies de création et de diffusion musicales...), les arts du spectacle vivant ( théâtre, musique, danse, mime, arts du cirque, arts de la rue, marionnettes, arts équestres, feux d'artifices, jeux d'eaux...) et les arts du visuel (architecture, peinture, sculpture, dessin et arts graphiques, photographie, cinéma, audiovisuel, vidéo, montages photographiques, dessins animés, arts numériques, pocket films, jeux vidéos...) .
La liste des thématiques est aussi vaste, mais avec des pistes d'études. Six thématiques d'ensemble sont proposées : "arts, créations et cultures" (l'oeuvre d'art perçue dans ses dimensions culturelles, sociales, "civilisationnelle"), "arts, espace et temps" ( les relations qui unissent oeuvre d'art, espace et temporalité), "arts, états et pouvoir" (dimensions politique et sociale de l'oeuvre d'art), "arts, mythes et religions" (rapport de l'art avec le sacré, les religions et la spiritualité), "arts, techniques et expressions" (construction, création d'oeuvre dans leurs dimensions techniques), "arts, ruptures, continuités" ( l'oeuvre d'art inscrit dans une histoire des arts, en rupture ou en continuité).
(synthèse du BO du 28 août 2008: http://www.education.gouv.fr/cid22078/mene0817383a.html)
Dans ce contexte d'apprentissage défini, quelle place donner aux globes virtuels comme outils d'enseignement des arts dans le secondaire ?
ll ne s'agit pas de donner ici une vue exhaustive des possibilités d'utilisation, mais juste quelques pistes d'exploitation.
Quels outils utiliser dans Google earth ?
Il offre de nombreuses possibilités:
- Certains lieux, certains dossiers sont utilisables directement pour une analyse d'oeuvres d'art.
- Grâce aux liens qu'il entretient avec le logiciel de modélisation Sketchup, de nombreuses oeuvres sont présentées dans un contexte précis
-La création de repères qui permet de créer des parcours de découverte
-La possibilité d'insérer des images des vidéos, des diaporamas et bien d'autres objets encore multiplient les degrés d'analyse. Les services en ligne contribuent à cette diversité.
- La possibilité de faire apparaître et disparaître ces repères en fonction d'une ligne de temps apporte une dimension temporelle.
- La possibilité de créer une visite virtuelle de différents lieux .
Au final, le globe virtuel offre un espace de cohérence important entre l'analyse précise d'une oeuvre, son contexte de création, de conservation.
Globes virtuels et localisation du lieu de conservation d'une oeuvre
Traditionnellement, lorsqu'on évoque la nature d'une oeuvre d'art, on détermine aussi son lieu de conservation. Les globes virtuels, en particulier Google earth, fournissent facilement ce critère, mais apporte des éléments supplémentaires d'analyse. Dans le cas d'un musée, plusieurs ouvertures sont possibles. Google earth a dévoilé douze oeuvres du musée du Prado en haute définition : Artémise de Rembrandt, Auto-portrait de Dürer, Le 3 mai 1808 à Madrid : les fusillades sur la montagne du Principe Pio de Goya, Le chevalier à la main sur la poitrine de El Greco, Le Cardinal de Raphael, La Descente de Croix de Weyden, L'empereur Charles Quint, à cheval, à Mühlberg de Titian, Le jardin des Délices ou la peinture de l'arbousier de Bosch, Le songe de Jacob de Ribera, Immaculée Conception de Tiepolo, L'Annonciation de Angelico, La Crucifixion de Flandes, La famille de Philippe IV, ou Les Ménines de Velázquez, Les trois Grâces de Rubens. Non seulement il est possible d'afficher de nombreux détails grâce à la haute définition, mais le cadre même du musée permet d'évoquer des époques historiques. Il en va de même avec de nombreux grands musées répertoriés, avec la possibilité d'insérer des images dans des repères. Le lieu même de conservation est un élément d'analyse architecturale d'une époque grâce au dossier bâtiment 3D.
Globes virtuels, modélisation 3D et histoire des arts
La possibilité de modéliser en 3D des éléments d'architecture, d'urbanisme ou de sculpture offre d'autres possibilités d'analyse, qui se confondent parfois avec une lecture patrimoniale des bâtiments. La banque d'images 3D offre une vaste panel d'insertion de modèles 3D dans Google earth, avec plusieurs niveaux de lecture : découverte d'oeuvre étudiée pour elle-même, mais aussi possibilité de contextualiser dans un ensemble architectural plus vaste. A titre d'exemple, l'onglet " la Rome antique en 3D" offre la possibilité en un clic, de voir apparaître nombre de bâtiments en 3D de l'époque de la Rome antique. Si l'on fouille un peu dans la banque d'images 3D, on peut rapidement trouver une représentation d'Athènes vers 150 avant J-C (trois fichiers de modélisation à importer : part 1, part 2 et part 3).
Par ailleurs, la banque d'images 3D offre de nombreuses entrées : le moteur de recherche générale (avec la possibilité de sélectionner une recherche par modèle ou par collection, par pertinence, par notation, par date, par date d'ajout, par popularité), les collections thématiques proposées par les utilisateurs, le nom des créateurs de modèles. Ce qui facilite grandement l'efficacité de la recherche.
Globes virtuels, sources d'inspiration et thématiques des oeuvres d'art
C'est certainement un des aspects les plus prolifiques de l'usage de Google earth, c'est également un des usages les plus en construction, selon ses propres besoins. Il est possible de géolocaliser les lieux d'inspiration ou les lieux, des espaces représentés par une oeuvre d'art, quel que soit le support utilisé.
Différents exemples sont déjà disponibles : la Tate Gallery à Londres propose 17 oeuvres géolocalisés (dans Google Maps et Street View) en fonction de la thématique et du paysage présentés. Bien entendu, il est tout à fait possible de créer son propre repérage d'oeuvres avec la possibilité d'insérer des images. Si cette démarche offre la possibilité de comparer l'oeuvre au réel, elle a surtout pour objectif, par cette comparaison, de mettre en avant la singularité de l'oeuvre et la démarche de l'artiste. Une démarche plus originale consiste à géolocaliser les pochettes d'album d'artistes (collection de Google earth Hacks), de photographies... Là encore la comparaison offre de nombreuses perspectives d'analyse. Ces éléments peuvent être mis en relation avec un thème musical que l'on peut insérer indépendamment (voir section suivante), en relation avec un paysage, ou en écho à une oeuvre picturale (et croiser ainsi différents documents, différents supports au service d'une thématique définie). Enfin, en littérature, le site Google LitTrip propose de retrouver les parcours de personnages romanesques comme Candide ou des héros de l'antiquité comme Ulysse.
Repères, images dans Google Earth, comment ça marche ?
Différents utilisations techniques de Google earth ont été proposées ; voici quelques éclairages techniques pour mieux les utilisés :
Utiliser le dossier "données géographiques": différentes données sont consultables et exploitables directement, en activant certains dossiers :
Dossiers utiles pour trouver des informations directes (images, modèles 3D...): "informations géographiques du web" (en particulier Panoramio, qui offre de nombreuses et parfois très différentes prises de vue), "Bâtiments 3D" (modèle 3D inclus dans Google earth, à compléter en récupérant le fichier KML 3D Warehouse), "Street View" (images panoramiques). La partie "galeries" offre de nombreuses possibilités d'exploitation directes : "360Cities" (images panoramiques de monuments", "La Rome antique en 3D" (directement exploitable), les "photos Gigapan et Gigapixel" (images panoramiques), "YouTube" ( qui permet parfois de tomber sur une vidéo directement exploitable...)
Utiliser les repères
L'ajout d'un repère offre de nombreuses possibilités et ressources en matière de multimédia. Pour insérer un repère, il faut centrer la carte sur le point que l'on souhaite renseigner, puis cliquer sur la punaise jaune, situer sur la barre d'outils. Un repère intègre le langage de pages Web, le HTML. Pour y présenter des formats multimédia, il suffit d'inclure des morceaux de code adéquat. Voici quelques exemples :1. Insérer une image
Pour simplifier les choses, l'image doit être hébergée sur le net (avec son adresse). Dans la partie description du repère, il faut écrire le code suivant :
<img src="adresse internet de l'image"/> . "Img" indique que l'on incorpore une image, "src' indique la source, l'origine de l'image. On peut compléter ce code en indiquant, par exemple, la taille et la hauteur que l'on souhaite en pixels ( "width" = largeur", "height" =hauteur de l'image). Ce sont des compléments intéressants, notamment pour redéfinir la taille d'une image, sinon elle apparaît avec sa taille d'origine, qui, très souvent, ne correspond pas au format du repère. Pour toutes indications sur la gestion des images en HMTL: http://www.commentcamarche.net/contents/html/htmlimages.php3
2. Insérer une vidéo
Le plus simple est de faire des recherches sur les sites de vidéos en ligne (Youtube, Dailymotion, Vimeo, pour n'en citer que trois), puis de récupérer le code HTML d'embarquement, situer soit à droite, soit en dessous de la vidéo (appeler 'lecteur exportable", "insérer de la vidéo sur un site"...)
3. Insérer du son dans Google earth
4. Services en ligne et repères dans Google earth
De nombreux services en ligne propose un code HTML à copier/coller dans un repère de Google earth. C'est notamment le cas des services de partage de PréAO et de diaporama, très utilisés pour analyser une oeuvre d'art (on peut citer Authorstream qui partage les présentations en ligne, tout en conservant les animations et les transitions et SlideShare...)
UMapper est à l'origine un service en ligne de cartes interactives. Mais l'une de ces nouvelles fonctions est de pouvoir importer une image dans l'interface cartographique. Pour se faire, il faut s'enregistrer sur le site, puis au moment de la création de la nouvelle carte, il suffit de télécharger l'image que l'on souhaite. Celle-ci devient une carte avec toutes les fonctions qu'offre UMapper. Comme dans Google earth, on peut créer des repères, insérer des images (pour présenter des détails, par exemple), des polygones, des cercles, des rectangles... et depuis peu une bande son au format wav ou mp3. Par ce biais, il est possible de croiser des documents artistiques de différentes natures. Comme tout service de cartographie en ligne, il propose la navigation complète dans l'oeuvre, dont l'utilisation est fonction de la résolution de l'image importée. Ainsi l'immersion dans l'image est plus importante Enfin, cette "carte" de l'oeuvre crée avec UMapper est exportable en code HTML vers un repère de Google Earth. Ce service offre donc de nombreux avantages pour l'analyse d'oeuvres géolocalisées, en particulier la perspective de croiser des documents de nature identique (une image dans l'image autour d'un thème commun par exemple) ou différents (allier image et sonorité).
Les modèles 3D
La banque d'images 3D offre de nombreux modèles utilisables dans Google earth. Elle fonctionne selon trois niveaux : le premier correspond au dossier "bâtiment 3D" situé directement dans Google earth, dans la rubrique "données géographiques" ; le second est un fichier KML, remis à jour régulièrement, à télécharger: 3D Warehouse. L'essentiel des modèles proposés sont individuels ; ils sont soit directement utilisables dans Google earth, soit il ne sont compatibles que pour Sketchup, le logiciel de modélisation associé à Google earth. Dans ce dernier cas, il est nécessaire d'installer Sketchup, puis d'importer le modèle dans le logiciel pour le placer dans le globe virtuel.
Quelques exemples...
- En 6ème, on peut utiliser directement "La Rome antique en 3D" ou via cette collection, reconstitution d'Athènes vers 150 avant JC (part 1, part 2 et part 3), le temple de Salomon...
- Les châteaux français de la Renaissance
- les gratte-ciels à travers le monde
- Plusieurs parcours sur le site Voyages Virtuels de Jean-Marc Kiener, notamment l'école d'Athènes de Raphaël, la vision de Saint Augustin de Carpaccio en classe de seconde.
- Nations en construction
Sitographie
- Etudier des oeuvres d'arts avec Google earth : trois exemples sur le site de Jena Marc Kiener: l'école d'Athènes de Raphaël, la vision de Saint Augustin de Carpaccio et la Joconde a disparu : http://www.voyages-virtuels.eu/voyages/sec/sec/page8.html
- La banque d'images 3D
- Voyages Virtuels
- Utiliser la banque d'images 3D
- Les oeuvres du musée du Prado
- Google LIt Trips : pour croiser Ulysse et Candide
- Le Londres de Sherlock Holmes
- Les rues de Londres en chantant
- Les programmes du lycée en chanson : Histgeobox
-
Cartographie et histoire des arts, l'exemple de Marx Ernst : http://spacefiction.wordpress.com/2009/12/07/when-max-ernst-had-fun-with-a-mapquand-max-ernst-samusait-avec-une-carte/
Jérôme Staub