Usages pédagogiques des outils géomatiques : cinq questions pour l'éducation
Ce document a été rédigé à partir des interventions ou des échanges qui ont eu lieu lors de la Journée d’étude géomatique et à partir de la réflexion conduite dans le cadre de l’Observatoire des Pratiques Géomatiques (INRP). Ce bref compte rendu de la journée n’a pas vocation à l’exhaustivité. Son objectif est d’identifier les questions-clés pour l’intégration de la géomatique dans l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre et de l’histoire-géographie.
Question 1 : Quelle place pour les outils géomatiques dans l’éducation ?
Il s’agit d’identifier la place que ces outils, en passe d’être popularisés, doivent tenir dans l’éducation, comment ils peuvent être intégrés dans le curriculum (programmes, outils, démarches…). Il s’agit également de voir dans quelle mesure l’école doit participer à la formation à l’utilisation de ces outils. Les facteurs de résistance sont la complexité des Systèmes d’Information Géographique (SIG) actuellement disponibles, la disponibilité des données, la chronophagie du travail à effectuer pour mettre en œuvre ces innovations.
Il s’agit aussi d’aider le citoyen à porter un regard critique sur ces outils de traitement de l’information. Dans le cadre d’une éducation à la citoyenneté, il existe un enjeu à ce que nos élèves soient familiarisés avec les méthodes et les concepts de traitement de l’information avec un SIG. La promotion des outils géomatiques passe par la levée de deux obstacles : montrer leurs apports pour les disciplines et leur valeur ajoutée par rapport à des outils plus traditionnels |
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Question 2 : Comment articuler l’utilisation de la géomatique avec des activités plus traditionnelles ?
Il s’agit par exemple de la classe de terrain ou du travail de laboratoire afin que l’utilisation de la géomatique (et des TIC en général) ne soit pas une parenthèse dans la vie de la classe, mais apparaisse comme partie intégrante des activités proposées aux élèves. Cette articulation pose également la question des outils à emporter sur le terrain et des usages qui en sont faits avec les élèves (outils nomades pour le recueil, le stockage et le traitement des données). Il est nécessaire de tenir compte de l’évolution des technologies utilisées dans un cadre privé (photo numérique, GPS, téléphone mobile…), afin de s’appuyer sur ces technologies dans un cadre scolaire. Cela ouvre des perspectives pour géolocaliser des observations de terrain, pour numériser des prises de vue ou prendre des mesures et les croiser avec d’autres informations (Internet, logiciels et banques de données…) |
Question 3 : Quel rapport au terrain/à l’espace avec les outils géomatiques ?
Ces outils modifient profondément notre rapport à l’espace et au territoire. Etre en mesure de zoomer sur un point du globe, accéder à de l’information géolocalisée et parfois représentée de manière tridimensionnelle nous conduit probablement à penser différemment notre planète : cela interroge nos modes de représentation graphique et mentale ainsi que nos modes de lecture de l’espace. Les questions à résoudre portent sur les modalités de recueil des données, les formes d’analyse spatiale et les types de raisonnement géographique/géologique. Outre la dimension spatiale, la dimension temporelle est également une dimension dont il faut tenir compte pour comprendre la dynamique d’un phénomène géologique ou géographique. |
Question 4 : Quel type d’enseignement pour quels apprentissages ? Quel type d’activités-élèves organiser ?
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Du point de vue de l’enseignement, ces technologies viennent interroger les pratiques et les démarches de classe ainsi que la place et le rôle de l’enseignant. De nouvelles activités élèves et de nouveaux scénarios sont à inventer. L’interdisciplinarité, la pédagogie de projet, le travail collaboratif, la mise en œuvre d’une démarche d’investigation se prêtent bien à l’utilisation de la géomatique. Ce changement passe évidemment par une prise en compte de l’utilisation de la géomatique dans la formation initiale et continue des enseignants.
La promotion de l’Education à l’Environnement pour un Développement Durable paraît un contexte favorable pour développer l’usage des outils géomatiques dans l’enseignement secondaire. |
Question 5 : Comment s’assurer de la rigueur scientifique et de la validité des démarches par rapport aux disciplines concernées ?
Que ce soit du point de vue des jeux de données ou des activités mises en œuvre par les élèves, il est important de se soucier de leur validité par rapport au domaine scientifique de référence. La transposition des usages professionnels et scientifiques de la géomatique dans le domaine éducatif doit s’accompagner d’une réflexion sur les concepts et méthodes. Cette transposition porte aussi bien sur les outils qui doivent être accessibles aux élèves que sur les usages et les démarches à mettre en œuvre dans la classe.
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Sylvain Genevois
Michèle Prieur
Eric Sanchez