La géolocalisation, instrument de "la guerre du Web"
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Le site Framablog propose la traduction du texte de Tim O'Reilly " The War for the Web". Il y décline les zones de tension entre grands acteurs du Web : Google, Microsoft, Facebook, Twitter. Il y parle notamment de la prédominance de Google. Il note au passage : " C’est avec admiration et inquiétude que j’ai observé Google utiliser sa
mainmise sur la recherche pour tenter d’étendre son emprise sur
d’autres activités concentrées [...], mais c’est vraiment les services de géolocalisation qui ont eu le plus gros impact."
Cet article publié par Tim O'Reilly sur son site O'Reilly radar, le 16 novembre 2009, part de nombreux exemples d'actualité, vus comme des signes annonciateurs d'une guerre du Web. Ainsi, il met en avant la limitation, voire l'interdiction de certaines applications pour l'Iphone ; il revient sur l'exemple de Google Voice, auquel on peut aussi et surtout ajouter Google maps, autre application désormais interdite sur l'Iphone, remplacée par une solution propriétaire.
L'auteur s'interroge également sur le poids grandissant de Google dans les solutions de géolocalisation gratuites et grand public. Pour rappel, la sphère "géolocalisation" de Google repose sur plusieurs applications et services de plus en plus utilisés :
- Google Maps, outil de cartographie en ligne
- Google Earth, le globe virtuel qui permet d'afficher des bâtiments en 3D (ou 2.5 ? voir l'article dans le numéro 1), désormais disponible dans sa version mobile 2.0 .
- Picasa, logiciel de gestion et de retouche photo, offrant la possibilité de géolocaliser les images et de les intégrer à Google Earth
- Google Street View, application qui intègre les vues panoramiques dans Google Earth et Maps
- Google Sketchup, logiciel de modélisation 3D dont les productions sont exportables vers Google Earth
- Google Building Maker, application en ligne, outil de modélisation rapide et intégrable dans Google Maps
- Google Latitude, application décriée qui permet de partager sa situation géographique avec les autres utilisateurs du service.
- Le système de GPS gratuit, tout juste sorti pour téléphone portable via Android
- La validation du KML comme norme ouverte de l'OGC, peut de ce point de vue apparaître comme un élément de cette sphère.
- Sans compter l'ensemble des sites, blogs et autres formes d'expression du web qui utilisent les API de Google Earth et Maps....
L'auteur finit son article sur une vision pessimiste et sanguinaire pour l'espace du net : "Nous sommes à la veille d’une guerre pour le contrôle du Web [...], les grandes entreprises s’étripant jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une."
Dans cette situation, il prédit de manière ironique que le meilleur allié du libre pourrait être Microsoft
En complément la citation de Luc Vaillancourt sur le site Media-baliz :
« Google a réussi ce que MapQuest tentait de faire depuis plus de dix ans : faire de la géolocalisation un aspect essentiel et de plus en plus accessible pour l’information recherchée, consultée et même produite sur le Web et en mobilité. Les adresses IP, les points d’accès Wi-Fi, les GPS et les tours de télécommunications peuvent tout localiser, en tout temps et partout. Nous sommes des senseurs et des récepteurs d’information géolocalisée. »
Autre exemple récent : depuis décembre 2009, le réseau social Twitter permet la géolocalisation des messages envoyés par son réseau. Quels intérêts ? Répertorier sur un vaste planisphère (ou à une échelle plus fine) l'ensemble des utilisateurs de Twitter, à des fins de stratégie économique (comme proposer des services, des sites d'achats en fonction de la localisation géographique de chacun ou de ses déplacements, ces voyages) ? En tout cas, elle peut permettre à ceux qui le souhaitent de s'embarquer dans une étude socio-géographique des réseaux sociaux .
Jérôme Staub