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à la lettre d'information géomatique n°11
Mapping the measure of America
Site :
http://measureofamerica.org/maps/
Cet atlas interactif cartographie à différentes échelles (états,
comtés, métropoles) des données riches et récentes, orchestrées autour
d'un indice composite de développement humain modifié. "The American
HD Index measures the same three basic dimensions as the standard HD
Index, but it uses different indicators to better reflect the U.S.
context and to maximize use of available data. For example, while the
standard index measures access to knowledge using the average number of
years that students spend in school, we have chosen instead to use
educational attainment, a more demanding indicator." Les indices
sélectionnés sont ainsi : l'espérance de vie à la naissance (santé), les
taux d'inscription scolaire et les niveaux d'étude atteints
(éducation), et enfin les revenus médians (économie). Le total de ces
indices aboutit à une somme de 10 points à part égale pour les trois
domaines. L'état le plus développé, selon ce modèle, est ainsi le
Connecticut (6.30) et le plus faible la Virginie Occidentale (3.85). Ce
projet cartographique est développé par le Social Science Research Council (SSRC).
Ce qui distingue cet atlas, c'est d'une part sa richesse et son
actualisation, d'autre part les nombreuses possibilités de déclinaison
statistiques : par aires géographiques, par sexe, par origine ethnique,
une spécificité américaine. Au niveau de l'interface graphique, le zoom
offre une bonne lisibilité, le menu est intuitif et en cliquant sur un
territoire, un cartouche graphique représentant les statistiques
apparaît. Il est possible de récupérer les données au format xls.
S'il convient d'insister sur la nature récente et détaillée des données statistiques mises à disposition par l'American Human Develoment Project,
il convient également d'en cerner les limites. En effet, ces données sont en
grande majorité issues non pas des recensements, mais des American Community Surveys.
Les recensements décennaux, dont le dernier vient de s'achever en 2010
et dont les premiers résultats commencent à filtrer, touchent l'ensemble
de la population des Etats-Unis d'Amérique. Celle-ci est inscrite alors
dans des maillages très fins, de l'état au block par exemple. Il n'en
est pas de même pour les enquêtes (surveys.) Celles-ci ne permettent pas une approche multiscalaire aussi fine que les recensements décennaux.
Nous voulons par ailleurs insister sur le mode de
discrétisation utilisée pour réaliser les cartes. Les classes sont
systématiquement au nombre de 5. Chacune de ces classes contient un même
nombre d'individus. Or, il est souvent difficile d'appliquer une
méthode de discrétisation quelle que soit la série statistique Ã
représenter. Ainsi, la distribution de l'american human development index
par état correspond plutôt à une distribution normale. Il est donc plus
pertinent d'utiliser la moyenne de la série statistique et l'écart-type
pour en réaliser le discrétisation. A l'inverse, certaines séries sont
fortement asymétriques et parfois également très discontinues. C'est le
cas par exemple de la part des blancs non hispaniques dans la
population. Dans ce cas, une discrétisation réalisée avec l'algorithme
de Jenks est nettement plus pertinente.
Comparé à un système d'information géographique
(SIG) qui permet de superposer des couches différentes, l'atlas
interactif présenté ici n'autorise pas l'importation de couches
extérieures. Or, c'est parfois nécessaire notamment dans le cadre d'une
approche multiscalaire. Il est possible cependant de télécharger les données affichées dans cet atlas afin de réaliser des couches
d'information et travailler avec un SIG.
C'est ce que nous avons fait avec un indicateur :
le revenu médian. Dans le mesure où les données du recensement réalisé
en 2010 vont bientôt être rendus publiques, nous nous sommes limités Ã
examiner cet indicateur à l'échelle des états fédéraux et des comtés de
l'état de Washington. La démarche pourrait être menée à une échelle plus
grande, celle des census tracts de l'aire urbaine de Seattle par exemple. Cependant, la marge d'erreur dépasse parfois les 10 % ...
Le premier tutoriel montre comment télécharger
ces données, puis préparer la feuille de calcul pour réaliser la
jointure avec un fichier au format shapefile :
Le second propose un aperçu de ce que les élèves
peuvent être conduits à réaliser lors d'une activité de courte durée en
classe :
Les données fournies peuvent également être exploitées avec
Géoclip, mais uniquement à l'échelle des états.
Mapping America : Every City Every Block
Le projet développé par le New York Times a été présenté dans la
Lettre d'information géomatique n°9. Il "
propose
un module cartographique permettant de visualiser les données du Census
Bureau. Cette carte couvre tout le territoire des États-Unis, à travers
quatre thèmes : origine ethnique, revenus, immobilier et éducation. Pas
de discrétisation possible, mais une visualisation à petite comme Ã
grande échelle. La précision de cette cartographie en mode ponctuel est
remarquable. Attention : il s'agit cependant d'estimations". La cartographie est fournie par Google.
Le module ouvre par défaut sur la métropole new-yorkaise. Chaque
point de couleur correspond à un nombre d'habitant qui varie selon
l'échelle, de 25 au niveau d'un quartier à 25.000 au niveau national.
De même, l'unité territoriale vectorielle est-elle le census tract à grande échelle, et le county
à petite échelle. Les couleurs des points correspondant Ã
l'appartenance ethnique des habitants. En cliquant sur chaque unité
territoriale vectorielle, une info-bulle présentant les données
statistiques.
Le census tract est une division statistique du county, relativement
homogène en terme de composition sociale, qui a vocation à être stable
pour faciliter les comparaisons dans le temps et comprenant généralement entre 2 500 et 8 000 personnes. Aussi la superficie des census tract est-elle variable.
La visualisation par points permet d'emblée de visualiser finement
les densités de population à différentes échelles et la répartition
ethnique dans les différents espaces apparaît de manière remarquable.
La barre supérieure comprend une zone de recherche textuelle (nom
de ville ou zip code), le niveau de zoom et le menu des cartes.
L'exemple de Miami permet d'illustrer l'intérêt du menu et de mieux
comprendre la répartition spatiale des populations au sein d'une
métropole américaine.
Le menu des cartes est composé de quatre catégories : race and ethnicity, income (revenu), housing and family, education. Chaque catégorie propose des cartes ne représentant qu'une seule donnée, par point ou par zones de couleur en camaïeu.
Ces cartes permettent d'enrichir l'analyse spatiale, par exemple
ici la densité de couleur rouge montre les quartiers où se concentrent
les populations les plus pauvres.
Cette carte fait apparaître la forte concentration de population hispanique le long de la frontière espagnole.
La carte précédente peut être mise en relation avec cette dernière
qui représente le taux de population née à l'étranger, afin de faire
apparaître les dynamiques migratoires.
Ce site permet donc au professeur et aux élèves de
mesurer les densités de population, les inégalités socio-spatiales, les
dynamiques de territoire (migrations, développement), la composition
ethnique des territoires. La discrétisation est calibrée, mais le menu
offre une diversité de cartes qui permettent d'élaborer des scénarios
complexes à partir de questions ouvertes : quelle ségrégation
socio-spatiale dans les grandes métropoles américaines ? Où vivent les
populations riches et les populations pauvres ? Quelles sont les régions
qui attirent le plus les migrants ? Ou encore d'analyser la
métropolisation du territoire américain, le poids des métropoles, ou
encore les CBD. Pour ces derniers points, la comparaison avec les
modules cartographiques du Time peut s'avérer féconde.
Les modules cartographiques du Time Magazine
Mêlant des outils de cartographie interactive et de représentation
graphique de l'espace, le site Internet du Time présente également
l'avantage de permettre des visualisations en trois dimensions. Ces
représentations ne sont pas toutes récentes.
Source : census bureau, carte de 2006.
cliquer ensuite sur l'onglet City population shift
2009. Les données restent volontairement floues : le cartographe
Joe Lertola en donne les raisons :
"JL: The New York City day/night population map was
interesting because the data presented on the map was not available to
the public before. The data was produced for the US government and it is
classified. We managed to get permission to use the data as long as the
actual number values were not displayed. Because of this, the key for
the map is vague."
Huit métropoles américaines sont ainsi cartographiées (mais ni Los Angeles ni Miami).
Ici la fonction des quartiers d'affaires est amplifiée par la
représentation des mouvements pendulaires. L'impression des
centres-villes dépeuplés doit cependant être nuancée par l'exploration
du NYTimes project.
Une infographie (contestable, qui laisse penser que le CBD a
rétréci) et une carte présentent le déclin démographique de la ville,
dont le nombre d'habitants égalait en 2008 la moitié du chiffre de 1950.
Deux raisons à ce déclin inexorable : la suburbanisation puis la
désindustrialisation. Depuis, la crise économique a accentué les effets :
20% des adresses postales en 2009 sont inactives.
Cette carte interactive est publiée sur Forbes.com. Les migrations
internes aux Etats-Unis
(pour 9 métropoles) sont présentées à partir de traits bleus (arrivées)
et rouges (départs) reliant la ville aux comtés d'origine ou de
destination. La carte est établie avec des données de 2008. Cette
carte permet de mesurer l'attractivité des métropoles américaines
et la mobilité de sa population. Plus de 10 millions d'Américains ont
changé de comtés en 2008. Elle ne permet pas de mesurer
l'impact de la crise économique et immobilière américaine. Des
données socio-économiques complémentaires s'affichent dans
une info-bulle quand on clique sur les comtés. Le choix de la
représentation graphique est aussi discutable car le solde migratoire
des grandes villes n'est pas présenté. De même, les traits rouges
l'emportent visuellement sur les traits bleus. Néanmoins, cette carte
constitue un exemple de l'investissement des médias américains dans la
visualisation géographique des données du Census.gov. Elle peut servir
en appui d'une étude de cas sur une métropole américaine ou sur la
mobilité de sa population, bien que seuls les flux internes soient pris
en compte.
Au final, ces sites fournissent une palette d'outils disponibles pour la classe et s'avèrent très complémentaires.
Auteur : Anthony Lozac'h, professeur
d'Histoire-Géographie au collège Arthur Rimbaud, Saint-Aubin-lès-Elbeuf
(76), membre du pôle de compétences (TICE) de l'académie de Rouen, professeur associé à l'IFE (ENS Lyon)