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Des voyages virtuels en Histoire-Géographie avec Google Earth : pourquoi ? comment ? (avril 2011)

by Jérôme Staub last modified 2011-04-27 17:08

Retour à la Lettre d'information géomatique n°11

 

A fur et à mesure  des mises à jour successives - aujourd’hui la version 6.0 - Google Earth devient grâce à son système d’affichage de repères et de couches, grâce à la possibilité d’écrire sur le support et à sa modélisation 3D, un excellent point d’entrée dans de nombreux sujets des programmes de collège et de lycée et pour de nombreuses disciplines scolaires.

Depuis 2007, le site voyages-virtuels.eu propose des parcours pédagogiques avec Google Earth pour élèves et enseignants de collège et de lycée.

Une quarantaine d'exercices ont été conçus avec ce géonavigateur gratuit, en Géographie, puis en Histoire et plus récemment pour l'Histoire des Arts.

En quoi ces parcours peuvent-ils favoriser une mise en activité des élèves ? Comment les créer ? Quels sont les apports didactiques de l'outil ? Pourquoi utiliser cette plateforme logicielle pour des cours d’histoire ?

 

La genèse de ces voyages virtuels

kiener_site

Les premiers parcours ont été conçus pour le LOG (Lycée Ouvert de Grenoble) qui repose sur un dispositif d'enseignement à distance.

Il s'agissait de mettre à disposition des élèves (sportifs de haut niveau, convalescents de longue durée) des ressources numériques pour un enseignement en non-présentiel.

Cela impliquait que la mise en place d’une activité avec GE - comme d'ailleurs avec d'autres outils TICE - soit préparée et balisée par une fiche de travail aux consignes précises, qui oriente les élèves et diminue le recours aux questions au prof… puisqu'il n'était pas là !

 Cela s'apparentait donc à un tutorat à distance avec une introduction qui présente le sujet et les consignes, puis une série d'étapes de difficulté volontairement inégale pour que chacun puisse avancer à son rythme, pour terminer sur une synthèse (questions ou paragraphe argumenté ou croquis), ce qui permet de mettre les élèves en autonomie guidée sur un logiciel « ludique » à la prise en main intuitive.

Par la suite, j'ai souhaité sortir du cadre à l'accès restreint de l'Espace Numérique de Travail et proposer ces ressources d'abord à mes élèves, puis aux collègues qui n'ont pas le temps ou les connaissances techniques pour réaliser de tels parcours pédagogiques.

J'ai donc créé mon propre site et regroupé ces travaux jusque-là dispersés, afin de leur donner une plus grande visibilité et de les offrir au plus grand nombre.

J'ai donc créé mon propre site et regroupé ces travaux jusque-là dispersés, afin de leur donner une plus grande visibilité et de les mettre à disposition de tous. De ce point de vue, entre 3 et 4000 téléchargements par mois de ces fichiers .kmz (format des fichiers créés avec Google Earth) montrent que l’objectif est atteint.

Quelles sont les étapes de la construction d’un voyage virtuel ?

 

1. Définition du thème : quel sujet ? quelle échelle ? quelle problématique ?

kiener_college

Les sujets ont été choisis :

- Au début, en fonction des programmes de lycée comme les premiers parcours sur San Francisco, Le voyage d'un porte-conteneurs, La puissance américaine, mais aussi en fonction des ressources disponibles dans GE, patchwork d'images disparates qui surreprésente les espaces urbains (et américains).

- Puis à la demande des IPR de Grenoble, en fonction des nouveaux programmes de collège applicables à partir de 2009 et qui mettent l'accent sur une utilisation plus intensive des TICE, j'ai élaboré quelques parcours pour la classe de 6ème : Phoenix, Sahara, paysage de faible occupation humaine, Egypte, puis de 5ème en Histoire (Jakob Fugger, Ibn Battuta). Ce qui permet, par ailleurs, de valider certains items du B2I.    

- Parfois en fonction de l’actualité (exemple le parcours sur l'investiture d'Obama, sur le 40° anniversaire de mai 68, sur la crise alimentaire mondiale de 2008, sur la candidature d'Annecy aux Jeux Olympiques d'hiver 2018).

- En fonction de besoins manifestés par les collègues : une initiation ludique de niveau sixième avec un jeu de piste (le trésor du pirate) ou récemment Les destructions sur le littoral japonais du Tohoku.

 

 GE1A partir de ces choix, j'essaye de proposer des parcours sur des sujets à différentes échelles :

- locale : une résidence fermée sur la Côte d'Azur, la périurbanisation autour de Montpellier, les contrastes urbains à Rio, les métropoles américaines, Benidorm et le tourisme de masse.

- régionale : les espaces littoraux asiatiques, la marée noire du golfe du Mexique

- nationale : la puissance américaine

- mondiale : le voyage d'un porte-conteneurs, la crise alimentaire mondiale de 2008

 

2. Récolte des données sur Internet

GE2La partie la plus longue et chronophage du travail est la recherche documentaire. Il faut, dans la mesure du possible, disposer de données fiables et incontestables : sites Internet institutionnels de l’ONU (UNDP, FAO…), des Etats (INSEE, INED, Assemblée Nationale…), ou reconnus par la communauté enseignante (Histoire par l’image, cartes Rumsey, journaux et magazines de référence...), quelques articles complémentaires de Wikipédia ou tirés de sites personnels - mais validés par le professeur-concepteur - quand il n’a pas été possible de proposer des sites institutionnels. Pour les photographies, une collection personnelle importante et Clio-Photo, site mutualisé de photos libres de droit pour usage pédagogique permettent de traiter de nombreux thèmes des programmes scolaires.

Une veille technique est aussi nécessaire, certains sites, fichiers ou liens n'étant pas pérennes ! Par exemple le porte-conteneurs Chine-Europe a été ramené au bassin de radoub pour déjà 5 "contrôles techniques" et modifications de liens obsolètes ! La mise à jour est plus aisée quand on a la main sur son propre site que sur un site académique.

 

3. Mise en place du scénario pédagogique

kiener_conteneur
Un exemple de scénario en Géographie : l’itinéraire d’un navire porte-conteneurs depuis Shanghaï jusqu’à Rotterdam. Les acteurs (équipage, armateurs, FTN), les hubs, les détroits stratégiques, les infrastructures portuaires, les chargements/déchargements de produits, les zones franches, les ZIP sont interrogés et visualisés et permettent d’introduire au concept de mondialisation.
Un autre exemple de scénario, en Histoire : un comptable stagiaire embauché par Jakob Fugger doit connaître le fonctionnement de l'entreprise. Pour cela, il part en mission dans chacune des succursales et rédige un rapport de visite. L'occasion de découvrir le rôle, les activités, la puissance de celui qui fut surnommé "le prince des marchands".
La scénarisation et le questionnement permettent aux élèves une mise en activité, un travail autonome et une appropriation des savoirs et des méthodes. Cela permet aussi de lutter contre la tentation de certains de n’en rester qu’à une forme de contemplation - parfois de sidération - devant ces images. Elle contribue au maintien de l’attention jusqu’à la fin de l‘exercice.

 Les cartes Rumsey pour étudier la traite transatlantique

kiener_dossiersA travers diverses étapes l’élève trace son itinéraire sur des documents et des sites répertoriés et validés par le professeur.

Le travail est organisé en dossiers et sous-dossiers qui correspondent à des paragraphes.

Il est aussi possible de présenter les items dans le désordre et de demander aux élèves de retrouver un ordre logique, élaborant ainsi un plan qui permette de classer ces différentes étapes.
Voir par exemple la version 2 de la puissance américaine sur le site académique de Grenoble :
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/hg/articles.php?lng=fr&pg=435

ou la version 2 de l'introduction au programme de Géographie de Seconde qui, volontairement, n'indique pas les thèmes, qui sont à retrouver par les élèves :

Chaque parcours est accompagné d'une fiche de travail qui restera la trace papier, une fois l'ordinateur éteint.

 

 kiener_hypothèse

L'essentiel est de construire des usages qui favorisent l'apprentissage critique de l'image et de la carte et pour cela, multiplier les exercices qui décryptent ces mosaïques composites.

Identifier, décrire, expliquer restent quel que soit l'outil, les bases de l’enseignement géographique.

En Histoire, l'un des intérêts d'utiliser GE avec un scénario permet d'ancrer le récit historique dans une réalité géographique, de donner à voir un événement dans son contexte géolocalisé.

Une démarche hypothético-déductive sur Bénidorm


 

4. La construction de voyages virtuels

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Dans les consignes liminaires, demander aux élèves de décocher la quasi totalité des options dans «Données géographiques» qui parasitent le travail à faire en classe ; ne garder selon les besoins que « Relief » et éventuellement « Légendes». N’utiliser que si nécessaire à la compréhension, les options « Bâtiments 3D » et Street View qui réduisent la vitesse de connexion, surtout sur un réseau d'établissement !

Aérer la mise en page : par des images, des espaces qui évitent de trop longs textes, fastidieux à lire à l'écran, surtout pour les collégiens.

 

 

 

 

Une mise en page aérée sur Gibraltar


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Des choix graphiques pour une meilleure lisibilité.

Privilégier la lisibilité : des polices, des couleurs, des icônes variées de façon à différencier ce qui est texte, complément d'information, questionnement.

Faire preuve de rigueur dans le choix du cadrage (vertical, oblique), de l'altitude, dans le placement, au plus près, des repères et pour cela ne pas hésiter à rechercher l'adresse précise de tel bâtiment sur Internet ou dans GE.

 

 


Des choix graphiques pour une meilleure lisibilité.


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Prévoir une mise en activité des élèves : calculer la longueur d'une rue, la taille d'une exploitation, faire apparaître le réseau routier, vérifier des altitudes, utiliser le curseur de transparence pour faire apparaître un calque d'interprétation, faire correspondre une photo de paysage à un repère numéroté... les possibilités sont multiples. Faire preuve de rigueur dans le choix du cadrage (vertical, oblique), de l'altitude, dans le placement, au plus près, des repères et pour cela ne pas hésiter à rechercher l'adresse précise de tel bâtiment sur Internet ou dans GE.

 

 

 

Passer de la photo au croquis paysager (vallée du Todra, Maroc)


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Éventuellement donner un titre "neutre" (Activité 1 ou Repère 2) pour laisser à l'élève le soin de l'observation et de la description.

 

 

 

Découverte des activités du port de Rotterdam


Réaliser au final une synthèse, texte et/ou croquis et/ou modéliser une structure. En somme, utiliser tous les atouts de GE en faisant manipuler cette interface ludique et attrayante (boussole, orientation, 3D, zoom…)

 

Quelques apports didactiques de l’utilisation de Google Earth en classe de géographie

 kiener_echelle

L‘emboîtement d’échelles d’un coup de zoom très fluide est un des points forts de GE, largement utilisé dans les journaux télévisés.

 

 

La base américaine de Diego Garcia au milieu de l'océan indien en 2 repères et 2 clics


kiener_cbd

Faire apparaître, simplement en cochant une case, des bâtiments modélisés en 3 D mènera rapidement l'élève à une compréhension de la notion de CBD. Les autres composantes de la ville sont également visualisées, interrogées (réseau urbain, universités, banlieues...) et permettent d'aboutir à une définition du concept de métropole.

Autre exemple, grâce à la possibilité de calculer les distances, de circuler et de naviguer sur cette "carte électronique", l’imbrication des favelas dans le tissu urbain à Rio prend sens bien mieux que sur un croquis ou sur une image fixe.

 

 

Le CBD de Phoenix, Arizona

 

L’ajout progressif d’informations en cochant/décochant des cases, en jouant sur les superpositions de couches, celles de GE : voies de communication par exemple, ou celles  construites par le professeur (voir l’exemple de Phoenix ci-dessous ou de la crue du Nil : http://www.voyages-virtuels.eu/voyages/college/index.html). Cette construction progressive d'un modèle - identique à l'ajout de transparents avec le rétroprojecteur - est un vrai support pour l'apprentissage de l'analyse spatiale.

 kiener_modele 



La construction progressive du modèle de la ville américaine avec sa légende

 

Des parcours adaptables au niveau de la classe ou de l'élève, en décochant ou en supprimant certains repères sans altérer le document construit. Cela peut permettre de gérer l'hétérogénéité.

 kiener_croiserLe croisement d'informations provenant de documents de nature différente (cf le travail sur le désert du Sahara : carte des densités de population, diagramme climatique, photos de paysage, textes explicatifs, croquis paysager…). GE se prête bien à l’ouverture sur d’autres sources documentaires puisqu'on peut intégrer dans les repères et avec le questionnement une photo, un tableau de statistiques, une carte, un lien hypertexte vers une page d’un site, un calque qui se superpose à l'image du globe. Tout cela sur un seul et même support.

Tout un corpus documentaire dans la même fenêtre sans être obligé de jongler avec des pop-up, des ascenseurs, des logiciels multiples. Cela facilite le travail de l’élève. 

Une carte, une image au sol viennent compléter la lecture de l'image-satellite, ici à Fès

 

Depuis la version 5, il est en outre possible de "remonter le temps" et de superposer-comparer des images satellites à différentes périodes (croissance de las Vegas, disparition progressive de la mer d’Aral…). Les dates des prises de vue apparaissent de manière plus immédiate qu’avant.

kiener_anim Deux autres fonctionnalités, réservées jusque là à la version payante GE Plus, sont désormais disponibles :

- importer des données GPS (pour une sortie scolaire par exemple)

- enregistrer une visite virtuelle dans GE et commentaire audio possible.

Enfin, le langage html est presque entièrement reconnu et utilisable dans les info-bulles. Ce ne sont plus seulement des liens hypertextes, des images ou des vidéos qui peuvent être intégrés, mais aussi des pages entières d'un site (à utiliser avec modération !), des calques animés, des animations Flash, des zones mappées cliquables, un QCM... GE devient un géo-navigateur à part (presque) entière !

Intégration d’une animation Flash sur l’extension urbaine au Caire

 Enfin, autre avantage de GE et non des moindres, tous ces parcours sont adaptables au niveau de la classe ou de l'élève en décochant ou en supprimant certains repères sans altérer le document construit. Cela peut aider le professeur à gérer l'hétérogénéité de la classe.

 

Quelques apports de l’utilisation de Google Earth en Histoire

Si la plateforme logicielle est prioritairement dédiée à l’étude géographique, il n’est pas impossible d’en détourner l’usage vers l’Histoire.
Dans quelles démarches utiliser Google Earth en Histoire ?

 

Découvrir des lieux

GE3La fonction la plus simple consiste à montrer les traces du passé et faire découvrir des lieux : par exemple survoler le château de Chambord, le palais du Louvre, une cathédrale gothique, le pont du Gard ou tout autre bâtiment en 3D apporte une autre perspective que la simple photo du manuel.
Les reconstitutions en 3D des villes de Venise, Paris, Munich, Amsterdam… offrent de ce point de vue une richesse inégalable.
Au delà de la simple visite de lieux, on peut aussi partir à la découverte d’une civilisation ancienne (Athènes, Rome…) ou l’Egypte ancienne, en survolant les Pyramides ou la Vallée des Rois : on peut aussi profiter de la possibilité qu’offre GE de créer des couches pour expliquer un phénomène tel la crue du Nil en superposant les reconstitutions de la crue à l’image satellite. En jouant avec le curseur sur la transparence des couches, les dessins s’animent en complétant l’image-satellite et la crue se déroule sous les yeux des élèves qui peuvent renouveler l’expérience autant de fois qu’ils le souhaitent.
Toujours en Egypte, entrer et circuler dans le tombeau en 3D de Toutankhamon (fichier fourni par des utilisateurs de GE) introduit aux rites funéraires égyptiens mieux qu’un simple texte.

 

Replacer l’événement dans son cadre spatial

Mais il est possible aussi d’aller plus loin et d'utiliser Google Earth avec un scénario qui permet d'ancrer le récit historique dans une réalité géographique, de donner à voir un événement dans son contexte géolocalisé.

GE4

On peut ainsi replacer l’événement dans son cadre spatial, que ce soit l’année 1789 entre Versailles et Paris sur les lieux de la Révolution ou les événements de mai 1968, géolocalisés avec précision pour des élèves qui n’ont qu’une connaissance très lointaine de ce que peuvent être Nanterre, Charléty, la Sorbonne ou l’Odéon ! La démarche est la même pour Le voyage d'Ibn Battuta qui permet, en une quinzaine d'étapes, de découvrir la civilisation de l'empire du Mali au XIV° siècle et les grands courants d'échanges à travers le Sahara et le Sahel.

 

 

Utiliser des cartes anciennes géolocalisées

Google Earth offre au professeur d’Histoire, une forte plus-value avec les cartes de David Rumsey : plus de 200 cartes numérisées et implémentées avec précision sur le globe virtuel.

GE5Les transformations urbaines de Paris sous Napoléon III prennent davantage sens lorsqu’on superpose les percées haussmanniennes à une carte numérisée et géolocalisée de 1834 (collection Rumsey) sur laquelle apparaissent de manière très détaillée tous les îlots urbains voués à la démolition.
Grâce au curseur de transparence qui autorise la superposition de deux cartes de dates différentes, ou encore par l’utilisation de la fonction "animation temporelle" que l’on retrouve dans certains fichiers, Google Earth rend possible – comme en géographie - la visualisation d’une évolution spatiale et temporelle, ainsi sur le même sujet l’annexion des villages limitrophes de Paris en 1859.

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Cinq de ces cartes ont été utilisées pour le dossier sur La Traite transatlantique et le commerce triangulaire : l’ajout de documents connexes (témoignage d’esclave, video sur la mémoire d’un port négrier, images de captifs, de navires, localisation des forts européens de la traite sur la côte africaine, graphique des productions…) permet de proposer ainsi un véritable dossier multimedia et facilite le croisement des informations. Disposer d’un support unique pour ce travail réduit aussi le risque de dispersion de l’élève.

 

 

 

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Il est aussi possible de numériser sa propre carte papier et de l’insérer dans GE : les plans des villes  médiévales de Bourges et Lübeck ont été ainsi utilisés pour traiter le thème "Sociétés et cultures urbaines du XIème au XIIIème siècles" du nouveau programme de Seconde. L’enseignant présente ainsi une approche spatiale des données, des lieux, montre les permanences dans un espace délimité.
Intégrer les outils numériques de GE , superposer plan et maquette 3D permet donc de créer des interrelations entre documents variés. La mise en perspective d’une étude de cas est facilitée par un lien hypertexte, une photo, une carte…surtout depuis la version 5.2 et l’ouverture, directement dans GE, d’une fenêtre de son navigateur.
On peut ainsi construire un véritable corpus documentaire dans lequel la navigation est aisée entre les couches d’informations sélectionnées par le professeur et un questionnement adapté au niveau de la classe.
Si l’on souhaite peaufiner la mise en page, il n’est, alors, pas inutile de maîtriser un logiciel de dessin, de photographie, éventuellement, un éditeur html.

Des jeux avec Google earth ?


Depuis deux ans, une partie du site est consacrée à des jeux réalisés avec Google Earth. Du divertissement sur un logiciel de géolocalisation ? Pourquoi pas ! Les  « jeux sérieux » se multiplient et prennent leur envol dans le domaine de l’éducation.
En liaison donc avec le développement de l’histoire des Arts en collège aussi bien qu’en lycée, j’ai développé des jeux géolocalisés. Deux approches ont été privilégiées : le jeu de piste et le quiz.

GE8À partir d’un scénario (exemple : la disparition de la Joconde ou le vol d’œuvres d’art), le joueur doit suivre un itinéraire qui le conduit dans différents lieux, dont certains sont accessibles en 3D.
Le dernier jeu en date, MétroPol’Art  (janvier 2011) propose une vingtaine d’étapes dans le métro parisien et différents monuments liés au monde de l'art. Évidemment, le trajet n’est pas donné d'emblée, le joueur doit trouver son chemin à partir d’indices fournis par textes, photos ou vidéos.
Une découverte de différents domaines artistiques (peinture, architecture, BD, chanson, opéra…) qui peut servir d'introduction ludique à l'histoire des Arts.
Ces jeux permettent d'exercer son sens de l’observation et de la déduction ainsi que sa capacité de navigation à différentes échelles sur la plateforme logicielle. Tout au long du parcours, le joueur a la possibilité de noter le résultat de ses recherches dans un rapport d'enquête. Le tout a bien sûr un intérêt ludique, mais peut parfaitement être utilisé comme support d’une séquence d'enseignement. (en attendant la parution en mai-juin 2011 d’un article sur Google Earth en Histoire des Arts, dans la revue des Cahiers Pédagogiques, voir l’article sur le site.) Cet article s'appuie sur l'exemple de "la Joconde a disparu", deux analyses d’œuvres de la Renaissance, et donne quelques autres pistes de découverte et de travail en utilisant les maquettes en 3D de SketchUp ainsi que les ressources de la galerie et du site consacré à l'éducation de Google Earth. Sur ce sujet, on pourra aussi se reporter avec profit à l’article de Jérôme Staub dans la Lettre d’information géomatique n°2.

GE9

 

Les quiz  (deux pour le moment : Tintin, témoin du XX° siècle qui permet de retrouver le contexte géopolitique des albums d’Hergé et A la découverte des châteaux de la Loire), sont eux aussi géolocalisés ; ils mêlent histoire, géographie, BD et compétences numériques et permettent de mener une exploration ludique.

 

 

 

 

Conclusion

 Sans négliger les écueils de GE : erreurs de localisation, publicité récente en mode "Recherche", zones vierges ou quasi-illisibles car de trop faible résolution, qui permettront au professeur de faire une lecture critique et aux élèves de ne pas confondre carte, image satellite, image aérienne, vue paysagère ! la plate-forme logicielle reste un outil assez simple à utiliser, qui plaît aux élèves, qui met à disposition des contenus numériques variés pour des pratiques de classe actives et qui permet à la fois une autre lecture de l'espace géographique et la création d’un récit historique. Mais la seule lecture et le seul visionnement des séquences (au videoprojecteur par exemple) ne me paraissent pas suffisants. De véritables activités doivent être organisées par les enseignants avec leurs élèves. C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce site : ouvrir des perspectives, et défricher d’autres usages possibles du géonavigateur.

 

Jean-Marc Kiener, Annecy, avril 2011


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